CATCH-22 (1970)

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Manu le 19/08/2012 à 10:00

4.2

Réalisé par Mike Nichols
Avec Alan Arkin, Martin Balsam, Richard Benjamin, Art Garfunkel, Jack Gilford.
Film américain
Genre : Guerre, drame
Durée : 2h 02min.
Année de production : 1970
Titre français : Catch 22

Sortie Cinéma France : 18/11/1970
Sortie DVD France : n.c.

Les notes

4.2

Critique CATCH-22 (1970)

Avis rédigé par Manu | le 19/08/2012. | Note : 4.2

Troisième long métrage de Mike Nichols, Catch-22 succède dans la carrière du cinéaste d’origine berlinoise au Lauréat, titre 100% culte ayant largement contribué à enterrer définitivement le vieux système de censure hollywoodienne plus connu sous le sobriquet de Code Hays. Forcement attendu au tournant par le public et la critique, Nichols dut probablement se sentir comme obligé de persister dans la provocation. Il opta par conséquent pour une adaptation du sulfureux roman de Joseph Heller, Catch-22, œuvre publiée en 1961 et projet qu’avait un temps caressé Stanley Kubrick himself (sans doute avant de signer son Dr. Strangelove).

Pourvu de finances dignes d’une vraie superproduction guerrière de l’époque – le film arrivant à la toute fin de cette vague initiée par Le Jour le plus long (film auquel il emprunte le réalisateur Andrew Marton, pour diriger sa seconde équipe) - Catch-22 reconstituera son Italie de l’occupation américaine sur la côte mexicaine et va s’offrir une authentique armada de bombardiers US pour quelques uns de ses passages les plus spectaculaires. Marqué par la mort accidentelle d’un membre de la seconde équipe en plein tournage dans les airs, l’aventure cinématographique Catch-22 se soldera par un échec fiasco financier intégral. Enfin, pour l’anecdote, rappelons que le terme Catch-22 est rentré dans le langage courant américain et désigne une situation de type inextricable, comme l’apprend à ses dépends le héros du film qui, afin de ne plus voler, doit se débrouiller pour être reconnu fou par l’armée, mais se voit obligé de continuer à prendre les airs parce que justement, le fait de réclamer un poste au sol démontre qu’il possède toute sa raison, seul un fou pouvant en effet accepter sans rechigner le type de missions quasi suicidaires qu’il se voit confier !

Sorti trois mois après M.A.S.H dans les salles américaines, Catch-22 dut souffrir en son temps de la comparaison avec le film de Robert Altman, œuvre sans doute plus novatrice dans sa réalisation, plus anticonformiste encore dans son trait satirique. Aujourd’hui que les mérites respectifs des deux films peuvent s’évaluer de façon plus détachée, il apparait que le film de Mike Nichols constitue un travail cinématographique majeur de son époque. Une œuvre dans laquelle, à la férocité du propos répond une mise en scène d’une ampleur, d’une ambition qui, en ce qui me concerne, m’a vraiment surpris de la part de son auteur. Le film est notamment traversé de longs plan-séquences extrêmement élaborés, dont une séquence d’envol de bombardiers impressionnante. Comme de plus Nichols est un directeur d’acteurs hors pair, inutile de dire que tous les grands comédiens impliqués dans cette aventure offrent de remarquables prestations.

Maintenant, on pourra trouver un peu trop évident le discours antimilitariste de cette parabole à peine déguisée de l’intervention américaine au Vietnam, mais il y a vraiment quelque chose d’unique et de fascinant à voir une telle débauche de moyens au service d’une œuvre aussi agressive, aussi provocatrice.

Pur produit d’une courte et bénie période où les grands studios US à la recherche d’un souffle nouveau osaient tout et n’importe quoi, Catch-22 surprend et épate. Bref, pour donner une petite idée du caractère unique de la chose, disons que c’est un peu comme si l’on confiait aujourd’hui le budget d’Avengers à Todd Solondz et carte blanche au cinéaste pour réaliser ce qu’il veut.

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