Acteur, Compositeur, Chanteur

Et lui, et lui, et lui. Jacques Dutronc s’éveille en plein Paris en 1943, rompt très tôt avec l’école qui l’ennuie. Sous l’impulsion d’un père mélomane, le petit touche au piano, en pince pour la guitare. C’est le temps des copains d’abord, Jean-Philippe Smet en tête. En route vers ses 20 ans, il fonde El Toro, les Cyclones. En 1962, il gratte pour Eddy Mitchell. Les Ditrons sont de sortie.

Alors que les yéyés sont au top, Jacques Dutronc se retrouve assis dans le fauteuil de directeur artistique chez Vogue. Il se met à écrire des chansons pour une certaine Françoise Hardy. 1965, c’est la rencontre avec Lanzmann, un autre Jacques. Le tandem va sévir dix ans durant, enchaîner les tubes dans les juke-box. Au début des années 70, bardé de hits, le pro du micro s’essaie à deux reprises et sans trop de succès à la musique de contes pour enfants avec le dessinateur Fred.

Son charme de « Play boy qui fait crac boum hu ! » incite le cinéma à lui tendre une perche. Premier à se risquer en 1973, Jean-Marie Périer, le photographe des stars de la chanson, il a décidé de zoomer sur le cinéma avec Antoine et Sébastien. Dès lors, Jacques Dutronc va retourner sa veste. Provocateur, désinvolte apparent, fumeur fumant, l’humour cinglant, on le retrouve un coup chanteur, un autre acteur. Ce qui ne l’empêche nullement d’écrire pour Gainsbourg et autres pointures.

Les volutes du septième art vont dès lors l’entraîner dans de drôles d’endroits pour d’étonnantes rencontres. Sans suivre de fil conducteur, tout du moins frappant, ce fils d’ingénieur ayant fait ses gammes cinématographiques sur les Grands Boulevards, trimballe sa nonchalance de l’univers d’un Claude Sautet à celui d'un Claude Lelouch. Jacques Rouffio l’affuble du prénom de François pour le pousser dans les bras d’une Isabelle Adjani devenue Violette. Jacques Dutronc achève les années 70 dans Sauve qui peut la Vie de Jean-Luc Godard, non sans avoir auparavant campé un pierrot abîmé par la vie auprès de la « môme » Romy (Schneider) sous la houlette de Andrzej Zulawski dans L’Important c’est d’aimer, un rôle choc.

En 1980, le tombeur de ces dames s’enhardit, part en Corse pour épouser Françoise. Leur fils Thomas a déjà 7 ans. Nonchalant, étiqueté paresseux, l’auteur de Gentleman cambrioleur bosse pourtant à l’ombre des plateaux de tournage. Ses nouveaux disques font date. Sur grand écran, Jacques Dutronc se fait plus discret. Devient survivant avec Michel Serrault dans Malevil, joueur pour Les Tricheurs de Barbet Schroeder. Fin 80, il retrouve le Polonais Zulawski pour Mes Nuits sont plus belles que vos jours.

Plus tard, dans les années 90, l’homme au cigare s’égare en croyant mettre la Pédale dure, porte le costard de Pdg d’une boîte de chocolat pour Claude Chabrol, s’envole pour l’Afrique avec Patrick Grandperret au titre de Le Maître des éléphants. Nicole Garcia en fait un mari à la dérive du côté de la Place Vendôme. Ce grand admirateur d’Humphrey Bogart décroche la lune avec Van Gogh, comprenez un César.

Nous sommes en 1992, année qu’il choisit pour remonter sur scène. Le public est aux anges. Entre 1995 et 2002, il met la pédale douce, se fait encore plus discret qu'à l'accoutumée. En 2006, il accepte d’être le père de Laura Smet dans U.V. En 2007, il coiffe le feutre d’Orloff dans Le Deuxième Souffle d' Alain Corneau. Derrière ses lunettes noires se cache un répertoire fort riche, tant cinématographique, que musical.