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Fred Walton fit des débuts plutôt remarqués en 1979 avec When a Stranger Calls, suspense horrifique aux vingt premières minutes d’une telle redoutable efficacité que Wes Craven lui-même n’hésitera pas à les plagier en ouverture de son célèbre Scream 17 ans plus tard. Ce joli coup d’essai, que, pour l’anecdote, Claude Chabrol cita un jour comme l’un de ses films à suspense les plus appréciés, résume finalement tout ce qui va faire par la suite la modeste renommée de son auteur : goût pour les huit-clos et l’ironie noire, sens du détail hitchcockien visant à faire naître le suspense (même si ce détail ne débouche généralement sur rien) et maîtrise de l’espace – constitué généralement de lieux désertiques et nocturnes - générant souvent brillamment le suspense. La suite de sa carrière va pourtant s’avérer globalement décevante.
La réussite de When a Stranger Call va déjà être suivie d’un silence, délibéré ou non, de 5 ans débouchant de façon inattendu sur un drame sportif à contre-courant total de la production américaine d’alors. Hadley’s Rebellion, œuvre ambitieuse au ton sombre et amer, dû en effet déconcerter plus d’un spectateur et, de façon assez prévisible, ne rencontra qu’indifférence critique et publique à sa sortie.
Fred Walton revint donc à ce que l’on attendait de lui : le suspense et l’épouvante. Son troisième film, April Fool’s Day est, 10 ans avant Scream, une sorte d’exercice de style ironique, et efficace côté sursauts, décortiquant toutes les ficelles du slasher movie à la Halloween et Friday, the 13th. Filmé avec élégance et une savoureuse distance, April’s Fool Day confirmait donc le talent d’un réalisateur sachant instaurer l’angoisse au sein de l’intrigue avec un beau savoir-faire et un minimum d’effets.
Ce sympathique essai ne cassa pas la baraque au box office et ne mis pas non plus les critiques en transe. Quant à Fred Walton, il enchaîna aussitôt avec The Rosary Murders, thriller canadien situé dans le monde ecclésiastique, co-écrit par le romancier-scénariste Elmore Leonard et interprété entre autre par Donald Sutherland et son acteur fétiche, Charles Durning (4 films à ce jour). Là encore solidement réalisé, avec un sens du rythme et une utilisation savamment réfléchie des décors balançant d’un coup l’angoisse au sein d’une séquence à priori banale (la traversée d’une église, la classique scène de découverte d’une victime par un jogger), The Rosary Murders remporta ici plusieurs prix au festival de Cognac mais sorti là-encore dans l’indifférence générale.
Est-ce à cause de cette série d’échecs que Fred Walton dû se tourner, pour s’y enfermer, vers la télévision. Ou le décida t’il volontairement ? On ne le sait. Toujours est il que depuis The Rosary Murders, c’est globalement la dégringolade pour l’auteur de When a Stranger Calls.
Sa première réalisation télévisuelle (si l’on fait abstraction de sa participation à la série Alfred Hitchcock presents) n’est pourtant pas déshonorante. Il s’agit d’un remake d’un film d’épouvante de William Castle des années 60 dans lequel, sans trop se fatiguer il est vrai, Fred Walton applique consciencieusement sa patte de spécialiste de l’angoisse. Le résultat, beaucoup plus soigné que la moyenne pour un téléfilm, est donc très plaisant, avec en prime, côté distribution, la sympathique idée de réunir à l’écran deux des frères Carradine, David et Robert.
Puis, retrouvant son scénariste de When a Stranger Calls, Steve Feke, il signe peut-être son meilleur travail télé à ce jour : Trapped, ou l’histoire d’un femme, interprétée par la talentueuse Kathleen Quinlan, témoin d’un meurtre et traquée dans un immeuble désert par le meurtrier en question. Unité de temps (une nuit), unité de lieu, personnages de l’intrigue se réduisant à une victime et son bourreau : Bref, tout les ingrédients du cinéma selon Fred Walton réunis dans un nouvel exercice de style un peu vain, un peu long mais certainement beaucoup plus personnel intéressant que ce qui se fait en général à la télévision.
La suite malheureusement vire à la catastrophe. Murder in Paradise sent fort le téléfilm pilote de série policière avortée avec son privé beau et charmeur, ses acolytes super typés et ses méchants d’opérette, et l’on y cherche jusqu’au bout une raison quant à l’implication de Fred Walton au sein d’un tel projet. L’ensemble demeure pourtant presque regardable comparé à l’affligeant The Price She Paid, histoire de divorce tournant au vinaigre qui vient s’ajouter à la longue liste des copies télé et autres dérivés du Fatal Attraction d’Adrian Lyne. Un accablant et écœurant mélange de moralisme américain et de suspense préfabriqué, interprété – sorte de cerise sur le gâteau – par l’insupportable Loni Anderson, et à travers lequel Fred Walton parait renoncer définitivement à toute ambition créative.
Depuis, le réalisateur de The Rosary Murders semble s’être un peu ressaisi en revenant à des projets plus personnels comme la suite qu’il a apporté à son When a Stranger Calls ou - le seul de ses derniers travaux diffusé régulièrement sur le réseau cablé – The Courtyard, petit suspense hitchcockien un peu tarabiscoté et pas toujours heureux dans son mélange de tension et d’humour noir, mais néanmoins relativement distrayant et soutenu par une intéressante distribution (Mädchen Amick, Cheech Marin, Vincent Schiavelli, David Proval, Jonathan Penner autour du toujours un peu fadasse Andrew McCarthy).
Curieusement, il semble avoir cessé toute activité depuis 1996...
REALISATEUR / REALISATRICE
SCENARISTE
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