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David Barbas

(2.95)



David Barbas se souvient de sa rencontre décisive, un jour de 2001, avec Xavier Beauvois dans un bar du XIe arrondissement de Paris. « Xavier m'a dit : 't'as une gueule à faire du cinoche !' » Le futur réalisateur de Des hommes et des dieux cherche, à l'époque, à se rapprocher du milieu policier dans l'idée de monter un polar qui fasse plus vrai.

David Barbas, jeune flic qui vient d'intégrer la PJ de Paris, ne sait pas encore qu'il va lui inspirer le personnage du « Petit Lieutenant ». Sa ressemblance troublante avec Jalil Lespert, le comédien qui tient le rôle-titre, n'a donc rien de fortuit. « Ce film est d'abord une histoire d'amitié avec Xavier. Elle a duré cinq ans, jusqu'à la sortie en salles. »

Barbas est, tout de suite, sollicité comme conseiller technique. Il intervient sur le scénario, travaille avec l'accessoiriste, la costumière, le décorateur... Il traque le moindre anachronisme, la moindre bourde qui ruinerait la dimension hyperréaliste, proche du documentaire, voulue par le réalisateur. « J'ai même accompagné Nathalie Baye au stand de tir de la PJ pour lui apprendre à faire feu sans fermer les yeux. » Indispensable pour la crédibilité de la scène finale quand Baye, césarisée pour son rôle de commissaire, abat l'impitoyable mafieux.

À 40 ans, David Barbas a rejoint Rennes, sa ville natale, avec sa femme et ses trois enfants. Au commissariat, il est policier en tenue. Pas trop frustrant d'avoir quitté la PJ ? « Non, après cinq ans de syndicalisme, j'avais envie de revenir aux bases, au coeur du métier. Sur les lieux d'un crime, le policier en tenue est le premier à intervenir. »

Le cinéma continue de faire appel à lui. Il apparaît même à l'écran. Au-delà de la simple figuration. Dans Les témoins d'André Téchiné, il mène une intervention musclée, avec Sami Bouajila, dans un hôtel de passe. Il donne la réplique à Catherine Deneuve dans La fille du RER du même Téchiné. Dans Des vents contraires, d'après Olivier Adam, qui sort le 14 décembre, il interpelle sans ménagement Ramzy Bédia. « La scène est d'un réalisme formidable, se réjouit Jalil Lespert, passé à la réalisation. Comme je n'ai jamais arrêté personne, le conseiller technique est indispensable. » Pour balayer les clichés, voire les fantasmes. « Être policier, c'est enquêter sur Guy Georges (surnommé le Tueur de l'Est parisien, au début des années 1990), mais aussi un feu de poubelle », sourit David Barbas.

« Le conseiller est indispensable »

Le commissaire Moulin, quand il court dans la rue, l'arme à la main, est-il crédible ? « Non, trop dangereux. Et puis, la place d'un commissaire n'est pas sur le trottoir, mais dans son bureau à diriger les opérations. Dans sa carrière, un flic sur dix sort son arme, un sur mille a l'occasion de tirer. » Ces libertés prises avec la réalité du terrain, David Barbas les repère au premier coup d'oeil. Les séries policières françaises en seraient truffées. « Le brassard 'Police', on l'exhibe obligatoirement sur le bras qui tient l'arme. Le pistolet, lui, est porté un peu en arrière, sur la fesse pour mieux s'en saisir. »

On passera sur le fameux mandat de perquisition indispensable aux États-Unis, hors sujet chez nous. D'autant que le capitaine Barbas n'est pas plus tendre avec les séries américaines. « La police scientifique qui mène l'enquête, c'est n'importe quoi ! Même aux États-Unis, son rôle est d'aider la police judiciaire. » Le flic rennais n'en fait-il pas trop dans le genre gardien de l'orthodoxie policière ? « Non. Je cautionne la scène où le petit lieutenant déboule au volant d'une voiture de police, le pin-pon du gyro deux tons à fond. Juste pour le frisson. Quel flic ne l'a jamais fait ? »

Le passage où le personnage de Nathalie Baye fume un joint avec le petit lieutenant a été plus problématique. « Le shit, je suis résolument contre. Mais Xavier voulait une scène de connivence. Or, la commissaire (Nathalie Baye) venait d'arrêter de boire et elle était trop maternelle avec son lieutenant pour coucher avec... »

David Barbas fait volontiers des concessions à la fiction. Par amour du cinéma. D'auteur, plutôt. Les films de son ex-collègue Olivier Marchal sont-ils trop grand public pour lui ? « Non, j'adore. Mais ses flics alcooliques, toxicos, ne reflètent pas la réalité. Désolé, mais j'en connais davantage de sportifs et bons pères de famille. » Envisage-t-il, comme lui, de basculer définitivement dans le cinéma ? « Non, c'est une autre planète. Passer une demi-journée dans les yeux de Catherine Deneuve est inoubliable. Mais mon métier, c'est policier. »

Source : Ouest France.fr
Auteur : Benoit LE BRETON

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