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SEVEN DAYS IN MAY (1964)

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Manu le 28/09/2011 à 22:28
4.8
Réalisé par John Frankenheimer
Avec Burt Lancaster, Kirk Douglas, Fredric March, Ava Gardner, Edmond O'Brien.
Film américain
Genre : Thriller, politique, anticipation
Durée : 1h 58min.
Année de production : 1964
Titre alternatif : Sept jours en mai
Musique : Jerry Goldsmith

Sortie Cinéma France : n.c.
Sortie DVD France : n.c.

Les notes

4.8



 Critique SEVEN DAYS IN MAY (1964)
Avis rédigé par Manu   |  le .   |  Note : 4.8
Second thriller politique pour John Frankenheimer après Un Crime dans la Tête, Sept Jours en Mai fut, dit-on, un projet soutenu par le président Kennedy lui-même auprès de la United Artists, estimant qu’une telle œuvre aiderait à faire prendre conscience aux américains des « dangers de l’extrême droite ». Il autorisa d’ailleurs l’équipe du film à investir la Maison Blanche, au cours de l’été 1963, afin de photographier les lieux pour, ultérieurement, les restituer fidèlement en studio. Il faut dire qu’un an seulement après la crise des missiles de Cuba, cette histoire de coup d’état mené par des généraux hostiles à un programme de désarmement nucléaire des Etats-Unis semblait tomber à point nommé pour venir soutenir la politique de réchauffement entamée à cette époque par JFK. Un soutient dont il ne profitera pas puisque le film sortira le 19 février 1964, soit trois mois après son assassinat.

De son côté, après les différents artistiques qui l’avait opposé à Burt Lancaster quelques années auparavant, John Frankenheimer dû affronter cette fois le caractère fantasque d’Ava Gardner sur le plateau. Dans son livre de mémoire Le fils du chiffonnier, Kirk Douglas relate en effet qu’un jour, après plusieurs verres, la légendaire diva hollywoodienne accusa le cinéaste d’entretenir avec lui une liaison homosexuelle. Percevant, à l’écoute de ces propos, un certain étonnement chez John Frankenheimer, Kirk Douglas se contenta de rassurer son réalisateur en ces termes : « Ecoute, je connais Ava depuis des années, elle doit être juste un peu pompette ».

Reste qu’à l’occasion de ce film, John Frankenheimer va réunir l’une des plus belles distributions de sa carrière. Avec, au coeur de celle-ci, une troisième fructueuse collaboration entre le cinéaste et Burt Lancaster, la star hollywoodienne endossant cette fois l’uniforme d’un général « faucon » fomentant le renversement d’un gouvernement qu’il juge par trop timoré. « Il y a à l’époque beaucoup d’américains qui partageaient la philosophie du Général Scott. Je n’étais pas de cela. Mais nous avons essayé de le présenter comme un personnage tout à fait sain d’esprit, bien que dangereux » dira ultérieurement John Frankenheimer de ce militaire aux obsessions anti-rouges et rêves de pouvoir annonçant la folie des grandeurs dans laquelle sombreront par la suite les Von Waldheim du Train et autre Dr Moreau.

En coulisse, Sept Jours en Mai aurait également, toujours selon Kirk Douglas, véritablement marqué le début de l’amitié entre John Frankenheimer et son interprète du Prisonnier d’Alcatraz. S’étant à nouveau quittés en mauvais termes à la fin du tournage de ce dernier film, les hommes n’étaient en effet pas appelés à retravailler ensemble et ce n’est que sous la pression de Kirk Douglas, co-producteur de ce Sept jours en Mai, que le cinéaste accepta de réemployer l’acteur. Kirk Douglas raconte en outre qu’une fois son ami Burt officiellement impliqué dans le projet, il poussa la courtoisie jusqu’à lui proposer de choisir entre les rôles de Scott et Casey celui des deux qu’il préférait interpréter.

Les 51 jours du tournage se déroulèrent aux dires de John Frankenheimer sans incident notable. Une seule séquence aurait en définitive posé problème au cinéaste, et encore au seul niveau de l’écriture : celle du rendez-vous de Casey chez Eleonor Holbrook. S’inspirant d’une rumeur persistante ayant courue quelques années auparavant sur une tentative d’élimination du candidat Truman par son rival Eisenhower via l’utilisation de lettres amoureuses envoyées par le premier à une ancienne maîtresse, cette scène sera au final réécrite par un vieil ami du réalisateur, le scénariste Ned Young (Jailhouse Rock, The Defiant Ones).

L’ensemble n’en porte toutefois pas moins fermement la patte du légendaire auteur Rod Serling, une vieille connaissance du réalisateur, de l’époque de Playhouse 90, que la série La Quatrième dimension rendra célèbre au début des années 60. Le scénario, adaptation d’une nouvelle de Fletcher Knebel et Charles W. Bailey, est, dans un style beaucoup plus grave que celui d’Un Crime dans la Tête, un nouveau petit bijoux d’audace, d’intelligence et d’acuité mis au service du réalisateur, lequel fit d’ailleurs remarquer quelque trente ans plus tard qu’il ne serait certainement plus possible de produire un tel film au sein du système hollywoodien.

Dans l’ombre de ce récit, plane une fois encore le spectre du MacCarthysme : Casey, découvrant l’imminence de la trahison de Scott, dont il partage pourtant les idées, doit il dénoncer son supérieur ? John Frankenheimer insiste tout autant sur ce douloureux cas de conscience que sur le discours anti-nucléaire que développe en filigrane une intrigue brûlante d’actualité, les Etats-Unis vivant alors la peur constante d’une attaque soviétique.

L’analyse politique proposée par le film s’avère d’autant plus pertinente qu’elle pointe du doigt des pratiques peu scrupuleuses, aujourd’hui largement rentrées dans les moeurs, et, à travers son plaidoyer pour le désarmement nucléaire, anticipe avec une certaine clairvoyance l’évolution des mentalités et, dans une moindre mesure, celle des décisions internationales prises dans le domaine du nucléaire appliqué au secteur de la défense. Enfin, on retrouve en toile de fond l’une des angoisses récurrentes du cinéma de John Frankenheimer : la peur de l’extrémisme, ici celle de l’extrême droite, incarnée par le Général James Matton Scott.

Quant à la forme, elle témoigne d’une richesse créative exemplaire. A l’instar d’Un Crime dans la tête, la caméra de John Frankenheimer joue brillamment avec la profondeur de champs dans de nombreuses séquences. Exemple type de ce style grand angulaire propre au cinéaste : la scène où Kirk Douglas quitte le bureau ovale après avoir fait part de ses craintes au président Lyman concernant les projets de Scott. Dans le même cadre, on aperçoit en gros plan les hommes du président s’interrogeant sur la véracité des propos de Casey tandis que celui-ci, en arrière-plan, attends l’ascenseur tout en jetant de brefs regards vers les deux hommes, sachant pertinemment que ceux-ci s’entretiennent de lui sans toutefois pouvoir les entendre. Il en résulte une tension, un climat de paranoïa, qui plane tout au long de cette scène, et que John Frankenheimer développe de façon similaire d’un bout à l’autre de son film.

Autres aspects novateurs pour l’époque, sinon extrêmement efficaces, de la réalisation : sa mise en abîme de l’action - source d’une réflexion implicite sur la manipulation par l’image - via plusieurs séquences suivant une action se déroulant à l’intérieur même d’un poste de télévision (le discours politique du général Scott, la déclaration finale du président Lyman), ainsi que son recours, dans plusieurs séquences, à la caméra portée à l’épaule – procédé aujourd’hui galvaudé mais pour l’époque plutôt inhabituel – qui en rajoute un peu plus dans le malaise tout en visant à faire naître cette sensation d’hyper réalisme cher à son auteur. Avec, dans ce registre, une séquence mémorable : celle d’ouverture du film, une manifestation virant à l’émeute face à la Maison Blanche (filmée par des caméramans en roller skate !!).

Marquant la première collaboration entre John Frankenheimer et le producteur Edward Lewis, collaboration qui s’étalera sur huit films, jusqu'à The Iceman cometh en 1973, Sept jours en Mai est en outre l’occasion pour John Frankenheimer de retrouver celui qui avait collaboré à ses côtés dans les années 50 à quelques soixante épisodes des séries Climax ! et Playhouse 90 : le compositeur Jerry Goldsmith. Des retrouvailles pas entièrement spontanées néanmoins puisque le compositeur n’intervint en fait sur le film qu’après le désistement de son confrère David Amram, auteur des partitions du Temps du châtiment et d’Un Crime dans la Tête.

A noter enfin que Sept Jours en Mai a fait l’objet d’un remake, en 1994, tourné pour le câble et interprété par Forest Whitaker, Jason Robards et Sam Waterston sous la direction de Jonathan Darby.


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