La première fois que l’on a entendu parler de lui, c’était à l’occasion de son premier film signé pour le grand écran, Safe Passage, modeste drame familial sorti relativement tardivement en France, après que son interprète principale, Susan Sarandon, était été couronnée d’un oscar pour son rôle dans le Dead Man Walking de Tim Robbins.  
 
Depuis, Robert Allan Ackerman semble s’être consacré exclusivement au petit écran, passant, au rythme d’une œuvre par an, d’adaptations de poids lourds de la littérature anglo-saxonne (Edith Wharton sur The Reef, Tennessee Williams pour The Roman Spring of Mrs Stone) à l’incontournable biographie de star à problèmes (Life with Judy Garland : Me and My Shadows), du téléfilm-débat de société (Forget Me Never, sur la maladie d’Elsheimer) au classique thriller parano à la Cape Fear-Fatal Attraction-Unlawful Entry (Outrage).  
 
A- t’il un style, un regard ? Pas vraiment si l’on en juge justement par son Forget Me Never. Ce drame médical léthargique est même assez désespérant. Réalisation indifférente, sans point de vue, scénario sans âme, bâti sur des situations souvent bien trop téléphonées pour impliquer le spectateur et des personnages peu attachants car brossés à la va-vite, Forget Me Never ne vaut guère le coup d’œil que pour l’interprétation concernée de la douce Mia Farrow, unique petite touche d’humanité au sein de cet océan de routine (Martin Sheen et Colm Feore faisaient également ce qu’ils pouvaient à ses côtés pour rehausser l’intérêt de l’ensemble).       
 
Pourtant son Outrage tenterait à prouver que, lorsqu'il le souhaite, il peut être efficace, à défaut de posséder une véritable personnalité. Dans ce petit thriller aux relents de poujadisme, étrangement produit par Francis Ford Coppola et son comparse Fred Fuchs, Rob Lowe, plus en forme que d’habitude, et sa compagne, jouée par Jennifer Grey, se voient harcelés par un trio de machiavéliques lycéens sans bien évidemment pouvoir prouver les agissements malveillants de ceux-ci (et le terme est faible en l’occurrence). Pas vraiment crédible dans l’ensemble – le leader du groupe vole, saccage et terrorise son petit monde en toute impunité, semble-il parce qu’il est mineur, et se contente d’afficher en cas de problème un simple sourire compatissant de petit ange pour balayer d’un trait tout soupçon de culpabilité le concernant - le résultat n’en demeure pas moins rondement mené, Robert Allan Ackerman, la scénariste Ellen Weston et le volontairement irritant Eric Michael Coles, dans le rôle du diabolique teenager, jouant avec une belle (même si primaire) roublardise sur nos nerfs, au fur et à mesure que le catastrophes s’amoncellent autour de ce pauvre Rob Lowe.     
 
Signé un an auparavant, Night Sins vient, lui, apporter sa modeste contribution au véritable genre cinématographique américain que constitue, depuis le début des années 90, le film de serial-killer. Un interminable suspense évoquant malheureusement plus, à travers sa cascade de rebondissements et ses suspects en pagaille, un mauvais giallo du début des années 80 qu’une œuvre d’esthète vénéneuse à la Seven. La réalisation y est au mieux anonyme, au pire pas très adroite dans sa façon théâtrale de mettre en scène le machiavélique criminel de l’histoire. L’ensemble, alourdi plus encore par l’omniprésence d’une musique bon marché du redoutable Mark Snow, se laissait pourtant à peu près regarder, essentiellement grâce à sa solide distribution côté seconds rôles (Martin Donovan, David Marshall Grant, Colm Feore, Jeffrey De Munn, Mariska Hargitay, William Russ et Pruitt Taylor Vince).  
 
Ses plus récentes réalisations, comme Double Platinum, interprété par Diana Ross, ou Life with Judy Garland : Me and My Shadows laissent quant à elles présager la pire routine télévisuelle, même s’il faudrait évidemment les voir pour s’en assurer.