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THE HOLCROFT COVENANT (1985)

(1) critique (2) commentaires
Manu le 02/10/2011 à 11:49
3.3
Réalisé par John Frankenheimer
Avec Michael Caine, Anthony Andrews, Victoria Tennant, Lili Palmer, Mario Adorf.
Film anglais
Genre : Espionnage, thriller
Durée : 1h 52min.
Année de production : 1985
Titre français : Le Pacte Holcroft
Musique : Stanislas Syrewicz

Sortie Cinéma France : n.c.
Sortie DVD France : n.c.

Les notes

3.3



 Critique THE HOLCROFT COVENANT (1985)
Avis rédigé par Manu   |  le .   |  Note : 3.3
Avant de devenir un film, The Holcroft covenant aura d’abord été un best-seller de l’auteur new-yorkais Robert Ludlum, publié en juin 1984. Robert Ludlum fut, avant que Tom Clancy ne le détrône dans ce registre à la fin des années 80, le grand spécialiste du roman d’espionnage international à haute teneur en rebondissements. Mais, contrairement au père de Jack Ryan, dont les romans vont rapidement devenir source d’adaptations cinématographiques financièrement très fructueuses, Robert Ludlum sera lui, de son vivant, plutôt malheureux dans son union avec le septième art. En dehors de ce The Holcroft covenant, il ne verra en effet porté à l’écran au cinéma que son Week-end Osterman, (sous la direction de Sam Peckinpah en 1983). Aucun de ces deux films ne rencontrera un franc succès, loin s’en faut même, et ce n’est finalement qu’un an après sa disparition, en 2002, que viendra pour l’auteur du The Holcroft covenant le temps du succès sur grand écran, grâce au film de Doug Liman La Mémoire dans la peau, adaptation de sa nouvelle The Bourne identity et premier opus d’une franchise mettant en vedette Matt Damon dans le rôle de l’espion Jason Bourne.

De son côté, lorsque le producteur Ely Landau vient lui proposer la réalisation de The Holcroft covenant, John Frankenheimer traverse une délicate phase de « stand by » professionnel. Comme cela avait déjà été le cas sur la période courant de Prophecy à The Challenge, il vient de passer de longs mois à s’impliquer dans d’intéressants projets dont malheureusement aucun ne s’est concrétisé. Exit donc ce sujet mélangeant l’une de ces études relationnelles père-fils si appréciées du cinéaste (voir The Young stranger, The Horsemen et, dans une moindre mesure, The Challenge) à une nouvelle description, 17 ans après Grand Prix, du monde des courses automobiles. Exit également cette adaptation de la nouvelle de Robert Parker, Wilderness, qu’envisageait alors de produire Michael Phillips (Taxi Driver) avec Richard Dreyfuss dans le rôle principal. Et plus aucun projet en vue … jusqu’à cette proposition d’Ely Landau début 1985.

John Frankenheimer connaît bien Ely Landau. Ce dernier avait en effet produit, douze ans auparavant, l’un de ses films les plus ambitieux : The Iceman cometh. Et malgré les déboires qu’avait connue cette œuvre au moment de sa distribution – déboires en partie dus, aux dires des mauvaises langues, à la pingrerie de son producteur – John Frankenheimer accepte de prendre en main ce projet.

Premier objectif pour le cinéaste : condenser les 512 pages du roman de Robert Ludlum en un peu moins de deux heures de film. Pour cela, John Frankenheimer va faire appel à pas moins de trois scénaristes parmi les plus confirmés d’Hollywood, dont deux vieilles connaissances du cinéaste : Edward Anhalt, qui avait signé, quelques 24 ans auparavant, le script de son Temps du châtiment, et, surtout, son partenaire de The Manchurian candidate, l’auteur producteur réalisateur George Axelrod. De grosses modifications s’en suivront, dans l’intrigue elle-même, transformant notamment les sœurs jumelles Tennyson du roman en un seul et même personnage féminin, comme dans le ton général de l’histoire, baignant bien souvent dans ce singulier humour à froid caractéristique de la plume de George Axelrod.

Pour incarner Noël Holcroft, on envisage tout d’abord l’acteur James Caan, qui n’a rien tourné depuis Le Solitaire de Michael Mann quatre ans plus tôt. Mais celui-ci va faire faux bond à John Frankenheimer et Ely Landau à la veille du premier tour de manivelle. Le tournage ne pouvant être reculé pour des raisons d’assurance, il débutera donc sans que l’on sache qui, à l’écran, va interpréter le rôle principal. Ely Landau suggère alors à son réalisateur d’employer une doublure en attendant l’arrivée d’un providentiel acteur principal. Lequel lui répond aussitôt : « OK, mais pour cela il serait bien de savoir qui va jouer Holcroft - Mickey Rooney ou Wilt Chamberlain* ? ».

Finalement, au bout d’une semaine de tournage exclusivement consacrée à des plans de personnages secondaires impliqués dans la première tentative d’assassinat d’Holcroft sur les rives du lac Léman, John Frankenheimer verra avec soulagement débarquer sur le film l’irremplaçable Michael Caine, instantanément prêt à enfiler ce personnage de fils de haut dignitaire nazi embarqué dans un drôle d’imbroglio politico financier international.

Bien que se déroulant en partie en Amérique, The Holcroft covenant sera intégralement tourné en Europe, plus précisément en Allemagne, en Suisse et – là où seront notamment filmées toutes les séquences du film censées se dérouler en Amérique - en Angleterre,. Accompagnant l’équipe pendant la majeure partie du tournage, George Axelrod retravaillera progressivement l’intrigue et les dialogues afin de les adapter au mieux à la personnalité de Michael Caine.

Finalement, malgré un début de tournage plutôt chaotique, ce changement d’interprète de dernière minute aura été aux dires de John Frankenheimer entièrement bénéfique au film. « Je m’en réjouis (…) car il m’a offert la présence de Michael Caine » dira à l’époque le cinéaste, ajoutant « Il m’est aujourd’hui impossible de concevoir ce film avec quelqu’un d’autre dans le rôle principal. [Michael Caine] est le rêve de tout réalisateur. Il vous fait paraître meilleur que vous n’êtes ».

Par la suite, l’Histoire va tristement se répéter pour le cinéaste. The Holcroft covenant connaîtra en effet une distribution presque aussi confidentielle que celle de The Iceman cometh. Personnalité farouchement indépendante au sein du cinéma américain, Ely Landau, aidé de sa femme Edie, avait produit le film en dehors du cercle des grands studios hollywoodiens. « Notre peur a toujours été d’envisager au départ de concevoir une pomme pour, au final, se retrouver avec une orange, simplement parce que vous avez en permanence des responsables pour vous dire ce qu’il faut que vous fassiez » déclarait-il à l’époque.

Malheureusement pour eux comme pour John Frankenheimer, une fois achevé The Holcroft covenant va se retrouver au centre d’un conflit opposant la firme anglaise Thorn Emi, distributeur principal du film, à son associé sur le sol américain, la toute puissante Universal. Un litige tenant aux droits annexes de l’œuvre de John Frankenheimer, réclamés par Universal mais refusés par Thorn Emi, qui ne profitera à personne et ne fera finalement qu’un seul grand perdant : le film lui-même. Car, ne pouvant obtenir ce qu’il réclame, le studio américain décidera d’en bazarder la sortie, lui faisant traverser en catimini les écrans courant octobre 1985 avant d’en céder les droits à la redoutable firme Cannon de Menahem Golan et Yoram Globus. Finalement, traité avec presque autant d’égards qu’un film d’action bas de gamme, tièdement accueilli par les rares critiques ayant pris la peine de le voir, The Holcroft covenant disparaîtra très rapidement des circuits de distribution en Amérique comme en Europe. En France, le film restera inédit en salles et ne sortira qu’en vidéo en avril 1990, soit cinq ans après sa réalisation.

Plus souvent considéré comme un film à oublier, voire à éviter, dans la filmographie de John Frankenheimer que comme l’un des points culminants de son œuvre, The Holcroft covenant ne mérite pourtant pas sa sale réputation. Certes, la perspective de voir le cinéaste retravailler avec George Axelrod avait de quoi nourrir de grandes espérances. Et le résultat peut légitimement décevoir ceux qui misaient sur un film aussi ambitieux que The Manchurian candidate. Mais l’enthousiasme avec lequel John Frankenheimer mène cette oeuvre essentiellement récréative, dans laquelle on retrouve notamment toutes ses astuces de mise en scène des années 60, est pour le coup plutôt communicatif.

Il semble de toute façon que rien, ici, ne doive être pris totalement au sérieux. L’intrigue est pour le moins rocambolesque, et la plupart des extravagants personnages secondaires qui la peuple, semblant souvent sortir d’un mauvais film d’espionnage des années 40, poussent incontestablement le film dans le registre savoureux, même si peu évident, de la fantaisie grotesque. Dans ses meilleurs moments, et sans nul doute sous l’influence de George Axelrod, The Holcroft covenant retrouve presque cette improbable et délirante combinaison d’angoisse et d’humour semi parodique, ce sens du ridicule effrayant qui faisait une grande partie de la force et l’originalité d’Un Crime dans la tête. Avec pour exemple frappant la scène particulièrement savoureuse de la première rencontre entre Holcroft et Herr Oberst, grand moment de loufoquerie contenue, brillamment dialoguée et ironiquement filmé par John Frankenheimer.

Reste toutefois que, contrairement à Un Crime dans la tête, tout ceci n’a aucune véritable consistance, même si l’on y aborde en filigrane le thème la résurgence du nazisme en Europe, et qu’après une première heure surfant avec brio sur le registre de l’humour décalé, les auteurs semblent étrangement redevenir sérieux au détriment de l’originalité de leur œuvre. Dès lors, et bien que l’assurance et l’élégance de la mise en scène ne se démente pas, on se prend à douter un peu des réelles motivations du cinéaste dans l’énergie qu’il déploie à s’auto-citer. Lorsqu’il utilise dans son dénouement la technique, au demeurant très efficace, du plan à angle double via l’incorporation dans le cadre d’un moniteur de télé filmant en plan serré l’acteur au centre de la séquence - ainsi qu’il l’avait déjà fait 20 ans plus tôt pour le final de Sept jours en Mai - est ce simplement pour s’amuser ou John Frankenheimer est-il ici légèrement à cours d’inspiration ?

Cette interrogation vient donc apporter un léger bémol à une œuvre qui, si elle ne marque pas le grand come back de son auteur – lequel viendra avec son film suivant, Paiement cash – demeure néanmoins globalement éminemment divertissante.


*Wilt Chamberlain est un célèbre joueur de basket des Harlem Globe Trotters de la fin des années 70.


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