se connecter

THE YOUNG SAVAGES (1961)

(1) critique (0) commentaire
Manu le 10/01/2013 à 12:24
3.3
Réalisé par John Frankenheimer
Avec Burt Lancaster, Dina Merrill, Edward Andrews, Shelley Winters, Larry Gates.
Film américain
Genre : Drame, suspense
Durée : 1h 43min.
Année de production : 1961
Titre français : Le Temps du châtiment
Musique : David Amram

Sortie Cinéma France : 21/08/1961
Sortie DVD France : n.c.

Les notes

3.3



 Critique THE YOUNG SAVAGES (1961)
Avis rédigé par Manu   |  le .   |  Note : 3.3
Le Temps du Châtiment est le premier des cinq films de John Frankenheimer interprétés par Burt Lancaster. Le début d’une fructueuse collaboration qui ne démarra pourtant pas sous les meilleurs auspices. En effet, Burt Lancaster se trouvait au début des années 60 dans une situation financière très délicate. Sept ans auparavant, il avait fondé sa propre compagnie de production afin de pouvoir alterner films tout public (Trapèze) et projets plus risqués (Le grand Chantage). Mais, ses associés ayant apparemment dépensé sans compter, il devait maintenant une somme d’argent assez conséquente à l’United Artists. Ne pouvant rembourser ses dettes, l’acteur se retrouvait donc dans l’obligation d’interpréter quatre films pour le compte de la célèbre firme, alors dirigée par Arthur Krim, afin d’échapper purement et simplement à une action en justice. En outre, sur chacun de ces quatre films, il se voyait contraint d’accepter un salaire représentant environ 15% seulement de sa « valeur financière d’acteur » sur le marché. Bref, Le Temps du Châtiment faisant parti du deal imposé par l’United Artists à l’acteur, celui-ci n’était par conséquent guère enthousiaste à l’idée de s’y impliquer. Et, pour tout dire, son seul souhait sur ce projet, adaptation de la nouvelle A Matter of Conviction d’Evan Hunter (auteur plus connu sous le pseudonyme d’Ed McBain), était d’en boucler le tournage aussi rapidement que possible.

Arrive alors John Frankenheimer, réalisateur auréolé d’une flatteuse réputation de cador de la télévision mais présentant un CV des plus légers côté grand écran, puisque composé d’un seul titre signé 4 ans auparavant, le relativement obscur drame juvénile The Young stranger. Et voilà que la première décision de ce « p’tit jeune » consiste à déplacer une partie du tournage, planifié sur 35 jours, d’Hollywood à New-York ! Au grand dam de Burt Lancaster évidemment, qui ne voyait absolument pas l’intérêt de s’éloigner de la côte ouest pour tourner un film selon lui aussi mineur. Sortant tout juste du succès critique et public d’Elmer Gantry de Richard Brooks, et se trouvant ainsi extrêmement bien placé dans la course aux oscars de l’année 1961, l’acteur n'était même pas très loin de considérer ce Temps du Châtiment comme un véritable renoncement artistique au sein de sa carrière. Et il ne se priva pas de le faire savoir à son metteur en scène, lequel déclara plus tard, à propos de leur collaboration : « [Burt Lancaster] ne fut jamais vraiment incorrect. Je veux dire, il n’y eut jamais véritablement de disputes entre nous. Mais nous nous trouvions l’un et l’autre dans une situation très inconfortable. J’étais constamment sur la défensive avec lui. Et nous ne nous sommes même pas dit au revoir à la fin du film (…) la dernière scène bouclée, il a disparu du plateau, c’est tout … ».

Le tournage du Temps du Châtiment ne fut donc pas une partie de plaisir pour John Frankenheimer. Sa préparation connue elle aussi son lot de désagréments, notamment lorsqu’il se vit refuser l’emploi de l’acteur blacklisté John Randolph dans le rôle du co-équipier de Burt Lancaster (John Frankenheimer retrouvera John Randolph cinq ans plus tard sur L’Opération Diabolique), rôle qui finalement échouera à un débutant bientôt célèbre : Telly Savalas, le Kojak du petit écran des années 70. Complétant sa distribution, John Frankenheimer s’assura, une fois sur place, du côté d’Harlem Est, de la participation des membres d’un véritable gang de jeunes new yorkais (le réalisateur offrit d’ailleurs dans la foulée son premier job au futur réalisateur Sydney Pollack : celui de coach pour acteurs non professionnels). Le Temps du Châtiment reçu à sa sortie un accueil plutôt favorable de la part de la critique, même si celle-ci, dans sa majorité, se contenta de ne voir là qu’une sorte de West Side Story sans musique.

De façon un peu plus pertinente, ce second film de John Frankenheimer permet en fait à son auteur de se frotter à son thème favori : celui de l’individu – le procureur Hank Bell en l’occurrence – en lutte contre un « système » oppressif, système représenté ici par une machine politico-judiciaire peu scrupuleuse, recherchant davantage ses intérêts que ceux de ses concitoyens. Avec, à sa tête, le personnage de Dan Cole, juge avide de pouvoir aux opinions tendance fascistes. Et déjà, comme dans chacun de ses plus grands travaux, le cinéaste évite soigneusement de livrer au spectateur une conclusion facile et rassurante. Le verdict sur lequel s’achève le film, d’une grande lucidité, n’excluant toutefois pas une certaine (si peut-être courageuse) ambigüité, laisse ainsi tout le monde insatisfait : le gouverneur, les italiens comme les portoricains.

Enfin, Le temps du Châtiment peut également se voir chez le cinéaste comme le second volet d’un triptyque consacré à la jeunesse délinquante et à l’environnement social dans lequel celle-ci se développe, triptyque entamé avec Mon Père, cet Etranger et que John Frankenheimer conclura l’année suivante via le relativement décevant Ange de la Violence.

On regrettera cependant que, pour mener à bien sa réflexion, le film en passe par certains rebondissements un peu faciles (la révélation sur l’implication du personnage de Danny) et que, le temps ayant sans doute joué contre lui, il repose sur une progression narrative bien balisée, pour ne pas dire évidente aux yeux du spectateur d’aujourd’hui.

Rien à redire en revanche sur la forme. Après un Young stranger un peu timoré, voire étroit, en termes de réalisation - au regard évidemment de ce que proposera Frankenheimer par la suite - on sent le cinéaste s’affirmer davantage ici, imposant un style propre et percutant, mélangeant le « naturel » - via quelques très belles scènes en extérieurs, qui plongent les acteurs dans les quartiers populaires du New York des années 60 - et la recherche stylistique, à travers des cadres toujours très riches (cf. notamment la partie « prétoire » du film, qui cherche toujours à intégrer un maximum de personnages dans le plan) et savamment élaborés (les jeux de miroir dans la scène chez le jeune leader des thunderbirds). On relèvera enfin une étonnant séquence d’agression nocturne dans le métro, filmée comme un cauchemar éveillé, qui annonce dans sa tonalité surréaliste le Manchurian candidate signé par la cinéaste l’année suivante.

Un petit Frankenheimer sans doute, qui a pris un coup de vieux dans le fond mais s’avère néanmoins amplement satisfaisant quant à son exécution formelle.


Rechercher avec google



Recherche par nom

Titre :
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

Artiste :
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

Dernières critiques ciné





Dernières critiques livres





Derniers commentaires





Salut l'artiste !



Critique cinema
2024 ans
Louis Gossett Jr.
(0000-2024)

2.55









Liens   |   Flux RSS   |   Page exécutée en 0.12019 secondes   |   contactez-nous   |   Nanar production © 2009