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IO LA CONOSCEVO BENE (1965)

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Manu le 08/06/2018 à 17:04
4.5
Réalisé par Antonio Pietrangeli
Avec Stefania Sandrelli, Nino Manfredi, Jean-Claude Brialy, Robert Hoffman, Ugo Tognazzi.
Film italien, français, allemand
Genre : Drame
Durée : 1h 55min.
Année de production : 1965
Titre français : Je la connaissais bien
Musique : Piero Piccioni

Sortie Cinéma France : n.c.
Sortie DVD France : n.c.

Les notes

4.5



 Critique IO LA CONOSCEVO BENE (1965)



Avis rédigé par Manu   |  le .   |  Note : 4.5
Io la conoscevo bene est le dernier long métrage achevé par Antonio Pietrangeli. Le réalisateur romain signera par la suite un sketch de l’anthologie Le Fate, interprété par Alberto Sordi, avant de décéder accidentellement sur le tournage de Come, quando, perché, projet achevé par Valerio Zurlini. Le film marque ainsi son ultime collaboration avec le duo de scénariste Ruggero Maccari / Ettore Scola.

Attention chef d’œuvre du cinéma italien ! Et claque d’autant plus forte que je ne l’ai pas vu arriver… Il Sole negli occhi et Adua e le compagne m’avaient certes préparé à du tout bon, mais pas non plus à un tel aboutissement cinématographique, ne représentant pas seulement le meilleur de la cinématographie de son temps mais poussant celle-ci un peu plus loin encore, anticipant dans la forme et l’écriture le mouvement à venir d’un cinéma, pour le coup, pas seulement italien.

Il y en effet dans Io la conoscevo une approche narrative étonnamment en avance sur son temps. Une proposition qui annonce, me semble-t-il, le cinéma des années 70 dans son travail sur le rythme, l’atmosphère, l’importance du non-dit et de l’implicite au sein du récit. Nouveau portrait de femme italienne de son époque, Io la conoscevo ne s’embarrasse en effet plus du tout de péripéties signifiantes épousant une souvent picaresque et relativement classique ligne narrative propre à la tragi-comédie transalpine. Le film est au contraire construit autour d’ellipses plus ou moins importantes, de morceaux choisis, en apparence insignifiants mais n’en éclairant que de façon plus évidente la trajectoire cette ravissante idiote au cœur d'or d’Adriana Astarelli, poupée sixties et aspirante actrice de films bis.

La très grande force du film, et très grande réussite du trio Pietrangeli / Maccari / Scola, est donc de nous dessiner cette tragédie moderne tout en pointillé, en n’oubliant pas là-encore, comme précédemment sur Il Sole negli occhi et Adua e le compagne, d’associer la petite à la grande Histoire.

Io la conoscevo distille ainsi magnifiquement son désespoir, sur un air de fête, au son d’un enchevêtrement de tubes yé-yé, en jouant notamment très audacieusement de la présence même d’Adriana dans le cadre. Régulièrement en retrait dans le film, rendue de plus en plus passive et silencieuse par la mise en scène, Adriana nous donne ainsi progressivement l’impression de ne plus tout à fait être là tandis qu’elle continue pourtant de rire mécaniquement et se pomponner dans l’attente d’une célébrité de plus en plus hypothétique.

Portrait magistralement éclairé en noir et blanc par Armando Nannuzzi d’une femme leurrée par le mirage d’une société nouvelle célébrant le vide et les apparences, Io la conoscevo transforme ainsi le désenchantement d’Adua e le compagne en désespoir sans équivoque quant au devenir de l’Italie du boom économique.

Œuvre brillantissime, prophétique, d’une frappante modernité, offrant un rôle inoubliable à Stefania Sandrelli, Io la conoscevo est donc à ranger parmi les trésors du cinéma italien des années 60, tout en faisant amèrement regretter que la carrière de son réalisateur ait été stoppée aussi brutalement après ce coup d'éclat. Au moins Pietrangeli, à contrario de sa magnifique héroïne, nous aura-t-il quitté au sommet.


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