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BIRDMAN OF ALCATRAZ (1962)

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Manu le 25/09/2011 à 12:17
3.9
Réalisé par John Frankenheimer
Avec Burt Lancaster, Karl Malden, Thelma Ritter, Neville Brand, Betty Field.
Film américain
Genre : Drame, biopic
Durée : 2h 27min.
Année de production : 1962
Titre français : Le Prisonnier d'Alcatraz
Musique : Elmer Bernstein

Sortie Cinéma France : 26/10/1962
Sortie DVD France : n.c.

Les notes

3.9



 Critique BIRDMAN OF ALCATRAZ (1962)
Avis rédigé par Manu   |  le .   |  Note : 3.9
Avec ses quatre nominations aux oscars, dans les catégories meilleurs acteur (Burt Lancaster), meilleur second rôle masculin (Telly Savalas), meilleur second rôle féminin (Thelma Ritter) et meilleure photographie (Burnett Guffey) – et même s’il ne rafla aucune statuette au final – Le Prisonnier d’Alcatraz apparaît indubitablement comme le premier succès critique majeur de John Frankenheimer. Au point que l’on en oublie souvent qu’il ne fut pas vraiment un triomphe à sa sortie en salles, ne gagnant en fait sa popularité qu’au fil de ses rediffusions à la télévision.

Le Prisonnier d’Alcatraz marque donc les retrouvailles du cinéaste avec Burt Lancaster, un an seulement après Le Temps du Châtiment. S’étant séparés dans une indifférence réciproque au terme d’une première collaboration douloureuse pour l’un comme pour l’autre, les deux hommes ne semblaient pourtant pas prêts de retravailler ensemble un jour. Mais tous les deux convoitaient depuis plusieurs années déjà un projet identique : l’adaptation de l’œuvre de Thomas E. Gaddis sur la vie de Robert Stroud, le plus célèbre détenu de la prison d’Alcatraz. Harold Hecht, producteur associé et ami de Burt Lancaster, en avait acquis les droits en 1958, après une tentative avortée de porter cette histoire à l’écran sous la direction du redoutable Joshua Logan (Picnic). De son côté, John Frankenheimer avait lui envisagé à une époque d’adapter le récit de Thomas E. Gaddis sous forme d’une dramatique télé en direct, avant d’y renoncer devant la quasi impossible de faire jouer de véritables oiseaux sur scène.

Aussi, apprenant pendant le tournage du Temps du Châtiment la concrétisation éminente du projet sous la houlette conjointe de l’United Artists et de la compagnie de Burt Lancaster, le cinéaste fit naturellement part à Harold Hecht de sa volonté d’y participer. La réponse arriva bientôt, claire et sans appel : n’ayant pas traité Burt Lancaster correctement sur le tournage de leur premier film ensemble, n’ayant pas acquiescé à toutes ses demandes, il n’avait aucune chance de réaliser Le Prisonnier d’Alcatraz. Et le projet revint ainsi au réalisateur anglais Charles Crichton (Un poisson nommé Wanda).

C’est donc à sa grande surprise que, quelques mois plus tard, s’apprêtant à quitter New-York où il était venu régler la question de son divorce avec Carolyn Miller, sa seconde femme, John Frankenheimer se fit accoster en plein aéroport par Burt Lancaster et Harold Hecht, tous deux venus lui proposer de reprendre à son compte la réalisation du Prisonnier d’Alcatraz suite au départ de Charles Crichton après une semaine de tournage. « Ecoute, tu es le réalisateur parfait pour Le Prisonnier d’Alcatraz. Nous n’étions pas satisfait de la personne que nous avions. Nous l’avons laissé partir. Et nous voulons que tu fasse ce film » lui aurait déclaré Burt Lancaster.

A partir de là, les versions divergent : John Frankenheimer assure que dès lors ses relations avec la star furent excellentes. Alors que d’autres, comme Kirk Douglas, parlent d’une nouvelle collaboration houleuse entre les deux hommes, au terme de laquelle le cinéaste aurait déclaré ne plus jamais vouloir retravailler avec l’acteur producteur (c’est, si l’on en croit toujours Kirk Douglas, lui qui aurait insisté auprès du réalisateur pour qu’il accepte de reprendre Burt Lancaster sur Sept Jours en Mai).

Apparemment la principale source de conflit entre le cinéaste et sa vedette venait de l’implication dictatoriale de ce dernier dans la mise en forme du film, implication allant même parfois au-delà du raisonnable comme l’avouera ultérieurement la star, laquelle, de son propre aveu, en arrivait à éclater en sanglots à la moindre écoute d’un « Désolé Stroud, mais tu n’as pas obtenu ta remise de peine ». Autre source de tension : les constantes réécritures du scénario qui poussaient souvent l’acteur Karl Malden à découvrir et apprendre ses dialogues quelques heures seulement avant leur tournage.

Au final, John Frankenheimer se retrouva avec un premier montage de quatre heures et demie. Obligé de raccourcir l’ensemble de moitié, le cinéaste proposa alors à Burt Lancaster d’accepter le rôle que lui offrait Stanley Kramer dans son Jugement à Nuremberg, le temps pour lui de retravailler toute la première partie du film. Et, pour l’anecdote, lorsque Burt Lancaster revint, sa coiffure était si différente qu’il fut contraint de porter une perruque pendant toute la durée de ce second tournage. Notons enfin que John Frankenheimer n’obtint jamais l’autorisation de rencontrer le véritable Robert Stroud. Seul Burt Lancaster y parvint, quelques mois après la sortie du film.

A la lecture du sujet de ce Prisonnier d’Alcatraz, on comprend évidemment bien ce qui a pu séduire ici son réalisateur. Vivant dans un isolement total et réussissant malgré tout à échapper, par la seule force de l’esprit, à cette forme ultime d’aliénation créée par nos sociétés qu’est la prison, le personnage de Robert Stroud semble être le héros par excellence du cinéma selon John Frankenheimer. En outre, s’attaquant de façon virulente aux dysfonctionnements du système judiciaire et carcéral américain, de sa brutalité et de son irrationalité, John Frankenheimer étoffe une nouvelle fois son travail d’une véritable conscience sociale, affichant haut et fort ses convictions libérales (Il est cependant intéressant de noter que c’est paradoxalement Robert Kennedy, un ami de John Frankenheimer, qui insista auprès de son frère John, alors président, pour qu’aucune grâce ne puisse être accordée au véritable Robert Stroud).

Enfin, à la vision du personnage de la mère de Robert Stroud, interprété par Thelma Ritter, on ne peut s’empêcher de rapprocher Le Prisonnier d’Alcatraz des deux autres films réalisés par John Frankenheimer en cette même année 1962, L’Ange de la Violence et Un Crime dans la tête. Nouveau portrait de mère possessive, symbole de la pression écrasante que peut exercer l’environnement familiale sur l’individu, ce personnage se révèle au final aussi destructeur que ceux campés par Angela Lansbury dans les deux films pré-cités (pour l’anecdote, les deux actrices se retrouveront en compétition pour l’oscar du meilleur second rôle féminin, lequel reviendra finalement à Patty Duke pour sa mémorable prestation dans Miracle en Alabama d’Arthur Penn).

Le Prisonnier d’Alcatraz fut accueilli à sa sortie, le 28 juillet 1962, par une critique largement élogieuse, celle-ci louant tout autant la force et la noblesse du message général et l’interprétation tout en retenue de Burt Lancaster que la réalisation visuellement magistrale de John Frankenheimer, et n’émettant finalement de réserves que sur les prises de position libérales, inévitablement sujettes à polémique, du cinéaste concernant sa vision du système judiciaire américain. Et, bien que ne raflant pas vraiment la mise au box-office, le film se tailla donc au fil des années une solide réputation de classique de cinéma américain. Enfin, il permit à Burt Lancaster de finir de régler la dette qu’il avait contractée auprès de l’United Artists à la fin des années 50 et d’obtenir en prime un prix d’interprétation au festival de Venise.

Quant à Robert Stroud, il décéda le 21 novembre 1963 – soit un jour avant l’avant l’assassinat de JFK – au bout de 54 années d’emprisonnement, dont 42 en cellule d’isolement. Et il ne fut jamais autorisé à voir le film qui lui était consacré.


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